LES CAS LATINS
Comme tu l'as appris à l'école primaire, la place des mots en français n'est pas due au hasard (cf. revision) . Dans une phrase courante, on trouve d'habitude un groupe nominal sujet (GNs), puis un groupe verbal (GV) composé d'un verbe et de un ou plusieurs compléments (GNcv et GPcv). Pour comprendre cette phrase, il suffira donc de dire que le GNsujet fera l'action du verbe sur les compléments de verbe. Exemples: Paul dort. Le GNs Paul fait l'action de dormir. (Il n'y a ici aucun complément de verbe.) Le maître donne une récompense à son esclave. Le GNs le maître fait l'action de donner sur les deux compléments de verbe une récompense (qui indique ce que l'on donne) et à son esclave (qui indique à qui l'on destine ce que l'on donne).
Que se passerait-il si l'on intervertissait deux mots dans une phrase? Essayons. Le loup mange l'agneau deviendrait L'agneau mange le loup.
Et en latin, comment cela se passe-t-il? Bien qu'ils soient, la plupart du temps, disposés d'une manière assez typique, les mots latins jouissent d'une grande liberté. Mais alors, comment savoir quel est le GNs qui fera l'action du verbe? comment reconnaître ces mêmes compléments sur lesquels se fait l'action du verbe? Ils sont fous, ces Romains!!! Rassurez-vous, les Romains n'étaient pas fous, bien au contraire Pour comprendre le système qu'ils ont mis au point, revenons au français: lorsque tu veux mettre au pluriel un GN comme la maison, que fais-tu? Tu changes la terminaison du déterminant la (ce qui donne les), puis tu changes la terminaison du nom commun maison en lui rajoutant la marque du pluriel s (ce qui donne maisons). Et tu obtiens les maisons. Donc, pour un nom commun comme maison existent deux formes: la forme du singulier (sans s) et la forme du pluriel (avec s). Et bien les Romains ont fait de même! Sauf qu'ils ont établis plus de forme que le français, à savoir six formes qu'ils pouvaient mettre au singulier ou au pluriel. On appelle ces six formes les cas latins. Ce sont: le nominatif, le vocatif, l'accusatif, le génitif, le datif et l'ablatif. Ainsi lorsque, en français, nous n'avons besoin que de deux formes (singulier et pluriel), les Romains en avaient besoin de douze! Mais, chose importante, grâce à cette distinction, ils pouvaient placer leurs mots beaucoup plus librement dans leurs phrases. En effet, ils ne reconnaissaient plus un GNs au fait qu'il fût placé avant le verbe, mais grâce à sa terminaison spécifique (nominatif). A chaque fonction importante de la phrase, les Romains ont fait correspondre un cas. Ce qui donne le tableau suivant:
N.B.: Tu noteras que le vocatif ne se trouve pas dans ce tableau. Ce n'est pas une erreur, mais une simplification voulue. En effet, dans ton livre de cours, le vocatif, qui est un cas très facile et peu usité, sera appris plus tard. Pour respecter cette progression, nous adopterons désormais des tableaux à cinq cas (sans le vocatif), jusqu'à ce que le vocatif soit vu et assimilé. Comment employer ce tableau? Avant toute chose, tu dois apprendre par coeur ce tableau. Ensuite, exerce-toi à découper et à analyser des phrases simples.
Il ne reste plus qu'à connaître le nominatif du mot le loup (lupus) et l'accusatif du mot l'agneau (agnum) pour traduire notre phrase: Lupus agnum devorat. Comme tu peux le constater, le GNs et le GNcv sont tous deux avant le verbe, mais aucune erreur n'est possible: c'est le mot lupus qui porte la marque du nominatif GNs (-us) et le mot agnum qui porte la marque de l'accusatif GNcv (-um). Si tu veux changer le sens de cette phrase, il ne sera pas nécessaire, comme en français, de changer la place des groupes de part et d'autre du verbe (ce qui serait de toute façon impossible ici, puisque le verbe se trouve à la fin!), mais il te suffirait de changer la terminaison des deux groupes. Ainsi, Lupum agnus devorat signifierait L'agneau mange le loup.
2. En latin, l'ordre des mots n'est pas aussi rigoureux, parce que chaque nom porte, grâce à sa terminaison spécifique, la marque de sa fonction (GNs, GNcv, etc.). 3. Donc, à chaque fonction correspond une terminaison différente (un cas différent). En latin, il y a six cas.
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